mardi 1 octobre 2013

elle avait dans le coeur une lune
quand elle disait qu'il fallait être heureux
ses lèvres crochissaient de maladresse
sa tristesse était douce comme le soir

je lui ai planté mes astres dans les veines
j'ai allumé des feux et j'ai oublié qu'il était midi
l'hypnose du brasier nous prostraient dans l'intimité
le bonheur, c'était le froid d'être ensemble

notre igloo fondait et j'ai aperçu des feuillages
des montagnes, des édifices, des oiseaux, des avions
au revoir petite nuit, petite chenille
j'ai revêti mon plumage d'été

lundi 26 août 2013

le repas de l'artificier

des filles
qui n'ont de belle
que leur jeunesse
l'esprit d'une poutine
et le cœur d'une crème glacée
des filles
que l'on incinère
comme des feux de bengale

mardi 20 août 2013

bâtir sur une beurée de moules

chers mollusques
ne serait-il pas enfin temps de construire
quitte à obstruer une partie du paysage
quitte à renoncer à cette liberté facile
qui a fait de la morale
l'ennemi du coeur
et du sens du principe
synonyme de mort prématurée
il me semble
qu'on a tellement voulu pouvoir choisir
qu'on a fini par ne plus ôser décider

jeudi 25 juillet 2013

dans ton ventre
le passé
des premiers volcans
envelopée de l'aura
de la paix des océans
dans ton regard
l'avenir
de toutes les constellations

quand dans tes bras tu berçais
ce nouveau-né
tu devenais la mère
de tous les enfants
de l'histoire
du monde
entier

vendredi 5 juillet 2013

à genoux
devant toi et
ta cigarette
je t'imagine
dans les nuages
te dérouler comme une couleuvre
autour de l'anarchie
de mes carences

la maquette de ta personne
c'était un trou noir
que t'as rempli
de boucane
pour étouffer le vide

t'es parfaite
pour boucher les trous
t'es belle
quand t'es maquillée
ça te va mieux
quand tu fake

sers-moi donc
dans une belle flûte
de jolies faussetés gazeuses
que je m'endorme comblé
sous ton soleil d'asphalte



mardi 2 juillet 2013

Des bombes atomiques en arrière-plan

J'étais étendu sur le sofa avec Chorizo quand j'ai entendu ça péter. Des feux d'artifice. Je suis sorti sur la galerie. Il pleuvait un peu. Une gang de jeunes faisaient le party dans la cour du voisin d'en arrière, de l'autre côté du sous-bois. Pendant que ces hosties-là s'amusaient à faire péter des feux d'artifice en beuglant des insanités alcoolisées, moi je continuais à me vider l'âme tout seul dans ma maison. J'étais allé vivre dans le bois pour avoir la paix. Tabarnac, ça a l'air que je n'étais pas allé assez loin. Et même si j'étais allé encore plus loin, j'aurais toujours eu ma propre personne pour me taper sur les nerfs.

Toujours est-il que les soulons ont continué à faire sauter leurs pétards toute la soirée. Au lieu de les faire péter tout en même temps, ils en faisaient péter un aux quinze minutes, soit pour faire durer leur plaisir soit pour me faire chier, ce qui revient au même de toute façon. Après une heure, quatre ou cinq pétards, je suis sorti dans ma cour avec Chorizo, pis j'ai utilisé mon truc pour le faire grogner. J'y fais des gros yeux, je lui montre mes dents, pis j'me mets à sauter comme un gorille de gauche à droite. Il déteste ça et ça le fait grogner. Fort. Et il place quelques jappements bien sentis à travers ça.

En guise de riposte, le socialiste de la gang a pris sa guitare et s'est mis à faire chanter tout le monde. « Imagine all the people, living life in peace. » Justement, ferme ta gueule pis je vais avoir la paix, hostie de hippie, que je m'étais dit. La joie qu'ils faisaient rayonner dans la nuit ne faisait que creuser l'abysse de ma solitude. « I hope some day you'll join us. » Tu hope vraiment ça? J'en doute en sacrament, pensais-je.

Je me suis dit que c'était un bon temps pour aller couper des arbres dans la cour. J'ai sorti ma chainsaw et me suis rendu jusqu'au fond du sous-bois, à quelques dizaines de mètres de leur feu de malheur. J'ai parti la scie mécanique juste à temps pour enterrer bien comme il faut La complainte du phoque en Alaska. Mangez de la marde avec vos tounes rassembleuses. ZWORRR. ZWAAARG.

Comprenez-vous que ça n'a pas fait leur affaire, mais quand faut bûcher, faut bûcher. Fait qu'ils ont envoyé la plus belle pitoune de leur gang en mission diplomatique. Une belle brune mince dans des petites shorts serrées qui lui définissaient mieux les fesses que n'importe quel dictionnairiste n'aurait su le faire. J'ai été pris de court par ses belles lèvres, bonbons savamment posés au sommet de ce corps de réglisse. L'ultime pétard. Une bombe, comme on dit. J'ai éteint la chainsaw et j'ai pris une grande bouffée de la fabuleuse odeur de gaz qui nous entourait. Était-elle venue m'offrir de me sucer si j'acceptais de retourner me coucher sur mon sofa?

« Allo! »
« Salut. »
« Drôle de temps pour faire du bois, tu trouves pas? »
« Quand faut bûcher, faut bûcher. »
« Eum, écoute, pourquoi tu viens pas prendre une bière ou deux avec nous autres au lieu de faire le bûcheron? »

J'aurais aimé mieux l'amener chez nous, la belle bronzée, pour lui tripoter les entrailles jusqu'à ce qu'elle entrouvre la bouche pour jouir, et l'empailler juste à ce moment-là. L'immortaliser en train de jouir, comme les fantomatiques silhouettes figées d'Hiroshima l'ont été au moment de mourir.

« Ouain, ok. Je vais prendre un break. »
« Cool. Moi c'est Victoria. »

Victoria. Ça fait un peu sado-maso-danseuse-poudrée-steampunk, mais elle était plus du genre voyage-sac-à-dos-bungee-Coldplay-Apple. Je l'ai suivie jusqu'au feu de camp après avoir appelé Chorizo qui lui sniffait le dedans des jambes. Moi j'aurais mordu. En plus, ça la faisait ricaner.

Ils m'ont tous salué, le hippie avec sa guitare, le blondinet avec son coup de soleil sur le nez, le gars plus vieux avec une barbe poivre-et-sel et un tatou d'Alice in Chains sur le mollet, la petite laide renfrognée derrière son djembé, la poupée trop maquillée pour la ligue, le skateux qui avait l'air d'être son chum, le coco-rasé qui gossait après son Zippo. Ils m'ont passé la bouteille de gin. Victoria s'est installée à califourchon sur une bûche de bois.

« Comment il s'appelle ton pitou? »
« Chorizo. »

Coco s'est levé pour aller allumer un autre feu d'artifice. Les autres commencaient sans doute à regretter leur stratégie et à me trouver platte. Flower-Power allait surement se remettre à jouer sur sa guitare pour dissoudre le malaise. Fallait que je parle - ou que je parte - avant qu'il recommence, parce qu'il avait la voix d'un hybride entre une chèvre et Éric Lapointe.

« Excusez-moi pour la chainsaw. Je chop du bois quand je m'emmerde. »
« Personne a le droit de s'emmerder à la Saint-Jean. Fait que prend donc une autre gorgée de gin! Ami chose-binne, ami chose-binne lève ton verre, lève ton verre, lève ton verre! », a explosé Victoria.

J'ai vidé sa bouteille. Ça l'a un peu décrissé sur le coup parce que je commencais à lui coûter cher, mais en fin de compte il s'est mis à boire le Jack Daniel's de Poivre-et-sel. Je commençais à être pas mal saoul et à faire rire tout le monde - sauf le skateux qui était en tabarnac, je sais pas trop pourquoi, peut-être parce que sa geisha avait l'air de vouloir mettre sa main dans mes culottes pendant que je racontais la fois où j'avais livré douze cordes de bois en plein dans les plates-bandes de notre imbécile de députée libérale. Ils se rappelaient avoir lu ça dans les journaux. Ils étaient crampés raide que ce soit moi le malade qui avait fait ça.

À un moment donné, j'étais rendu tellement saoul que je me suis mis à improviser des jokes de cul qui mettaient en scène le vagin de Victoria et le Zippo de Tête-d'oeuf. Au début, Poivre-et-sel trouvait ça presque drôle, mais il a fini par me faire des faces. Il a plissé les sourcils. Ça voulait dire : décalisse, mon gars. Je t'y aurais arraché ses hosties de sourcils à la chainsaw, mais à la place je suis parti.

« Bon, m'en va me coucher avec la belle Vicky-licky-licky. Viens-tu ma belle chatte ? Chu tanné de flatter un chien, me semble que chu dû pour flatter une belle chatte. »

C'est Poivre-et-sel qui m'a répondu :

« Vas te coucher tout seul, le bûcheron, ok? »
« Correct, correct. »

J'ai traversé le bois et je suis retourné m'étendre sur mon sofa. Un vieux Terminator passait à la télé. Je me suis fermé les yeux. La tête me tournait. J'espérais voir Victoria déguisée en Sarah Connor passer au travers de ma porte patio pour venir me violer furieusement pendant que des bombes atomiques sautaient en arrière-plan. Mais j'avais plus de chances qu'elle me trouve mort asphyxié dans mon vomi. Si au moins les feux d'artifice avaient été des bombes atomiques. On aurait tous pu s'endormir tranquilles dans les radiations.

À la place de ça, je me suis fait réveiller à deux heures du matin. RWOOOR. ZWAAAR. Ma chainsaw? Ma chainsaw.

Je me suis réveillé comme un Vietcong pris en embuscade, j'ai pris ma hache et j'ai lancé l'assaut. Tête d'oeuf était en train de se faire des buches avec ma chainsaw. Je suis sorti du sous-bois comme un monstre enragé près à tout arracher ce qui était possible d'arracher, la hache dans les airs.

« Lâche ça mon sacrament! Lâche ma chainsaw! »

Ils se sont tous levés brusquement, échappant leurs bières, comme des chevreuils devant les phares d'un truck.

« Eille, relaxe, le malade. On faisait juste se faire une couple de bûches. T'avais laissé ta scie mécanique icitte. On allait te la rapporter, là. »

Il a déposé ma scie par terre. J'ai poussé Tête-d'oeuf, il s'est tout emmêlé dans ses jambes avant de s'effondrer dans l'herbe. Poivre-et-sel s'est approché de moi. J'ai repris ma chainsaw. J'ai croisé le regard de Victoria qui chevauchait toujours son ogive nucléaire, le corps enfoui sous une grosse couverte de poil de yak. Poivre-et-sel semblait vouloir m'engouffrer tout entier dans la pilosité de ses sourcils.

« Ok, là le party est fini. Allez tous vous coucher, c'est tu clair? »
« Désolé, m'a répondu Poivre-et-sel, c'est pas toi qui décide. On a pas fini, même qu'on pensait fêter jusqu'au lever du soleil. As-tu un problème avec ça, l'bûcheron? »
« Ouep. Ton party est fini. Regarde moé ben aller. »

Je suis reparti avec ma scie dans le bois, et j'ai choisi le plus beau et le plus haut pin qui bordait tout juste son terrain, et je me suis mis à le scier en criant comme un damné. Je le sciais pour qu'il s'effondre précisément sur le feu de camp de la gang de crottés. J'imaginais déjà la radieuse Victoria sortir de sa couverte dans la fraîcheur du soir en panique. Ça a vraiment mis Poivre-et-sel en beau fusil. Il s'en venait vraiment m'en crisser une. J'ai sorti ma chainsaw de l'arbre pis je l'ai brandie dans sa direction.

« Décalisse de mon terrain, sinon j'te jure que j'te détatoue l'corps drette icitte dans l'bran de scie. »
« T'es un sacrament de malade, toé. Laisse-nous donc tranquille, hostie de sauvage! »

Ça l'a convaincu de virer de bord. Ils s'étaient tous levés, confus, encore étonnés que des gens fous comme ça existent. Dans un craquement gigantesque, l'arbre a dangereusement penché en leur direction.

« Timber, tabarnac! Party's over! »

Un autre petit coup de scie. En s'affaissant sur le feu de camp, l'arbre souleva un nuage d'étincelles dans la nuit. Victoria et ses amis s'étaient éloignés. Figés, ils regardaient monter dans le ciel les milliers d'étincelles qui embrasaient le firmament. Le tonnerre s'est fait entendre. Des gouttes sont tombées sur le moteur encore chaud de ma scie. L'odeur d'essence. Victoria et ses amis sont allés se réfugier dans la maison de Poivre-et-sel. Planté là dans la pluie, comme le dernier survivant d'un massacre injuste, je regardais de loin le feu mourir tranquillement.

En rentrant chez moi, j'ai trouvé Chorizo étendu sur la galerie, trempé comme une lavette. Il me regardait d'un air triste. J'ai fermé violemment la porte patio derrière lui et j'ai tassé le rideau. Je me suis lancé dans mon lit, sur le dos. Je me suis mis les deux mains dans la face et j'en suis venu à l'évidence : il me faudrait changer mes techniques de séduction. Quand je vois une bombe, c'est moi qui explose. L'amour kamikaze, ça finit toujours par faire trop de victimes. Les bombes atomiques doivent rester en arrière-plan.

mardi 25 juin 2013

Dix-sept heures au travers les quenouilles

Je me souviens du jour où tu m'as dit qu'avoir à te tuer, tu opterais pour un coup de fusil dans la gueule. Nous étions dans l'autobus. Je crois qu'il faisait soleil. Je t'avais répondu que je sauterais plutôt de la plus haute falaise, pour avoir l'impression de voler, sauter dans l'infini du monde pour échapper à l'étroitesse du quotidien. L'adolescence nous allait mal. C'était un aquarium trop étroit pour la vastitude de nos envies, mais on trouvait le moyen de rire tous les jours.

Quand on m'a annoncé au téléphone qu'on avait trouvé ton corps dans la forêt à côté d'un fusil, je suis tombé dans une prostration toute blanche. J'étais au travail, un client me dévisageait, et moi, perché sur mes genoux de ouate, je me faisais flotter jusqu'à l'entrepôt, à l'abri des autres. Ton fantôme m'avait transporté sur un radeau au milieu de l'océan. Ma jeunesse s'était évacuée d'un trait, aspirée dans le vortex opaque de ton geste.

J'ai voulu croire que tu avais fait un sacrifice, pour me libérer des vitrines de la naïveté, quelque chose du genre. Au sens figuré, c'est possible, mais au sens propre, je pense plutôt que tu t'es libéré d'une vie qui s'annonçait vraiment misérable.

Une vie de pilules.

T'étais schizo, mon vieux. Tu t'en es sans doute rendu compte, un moment donné, des mois après notre engueulade, quand t'allais mieux. Moi je m'en suis rendu compte la fois où on avait prévu aller à la pêche sur glace. Le soir avant, tu couchais chez nous parce qu'on voulait partir très tôt. Au milieu de la nuit, je t'ai trouvé tout seul dans le noir, éclairé seulement par l'écran d'ordinateur. Ça m'avait fait un peu peur. Tu regardais des trucs d'espionnage. Tu m'avais pointé un truc : « c'est exactement ça que j'ai trouvé dans ma chambre! » C'était une caméra miniature. « J'te jure, man, ils savent toute. »

J'étais allé voir la psy du cégep. Je voulais savoir ce qui se passait avec toi, savoir quoi faire. On avait parlé de drogue et de schizophrénie. Elle m'avait donné des numéros de téléphone que j'avais donnés à tes parents en cachette. On s'était parlé, sur Internet, et je t'avais dit : « t'as besoin de voir un médecin, vieux, ça ressemble à la schizophrénie ton affaire. » Tu m'avais dit que j'étais de leur bord, que j'essayais de te jouer dans la tête, fuck you laisse-moi tranquille, y'a plus personne qui va me manipuler.

Ensuite on s'était vu une seule autre fois, deux mois plus tard. On est allé au cinéma après avoir fumé un joint. Tu semblais calme, presque serein. De mémoire, c'était l'été indien.

C'est pas vrai. On s'est revus, une autre fois, mais c'était en rêve. Je marchais dans les rues de New York et j'apercevais un type mal en point dans une ruelle. C'était toi. Je te semonçais rondement. T'as pensé à ta mère? Ton père, tes frères? Ils te croient mort, enfoiré! On s'était fixé un rendez-vous, le lendemain, même endroit, à dix-sept heures. On irait prendre un verre. Mais tu n'es jamais venu.

On a tellement ri ensemble, vieux singe. Comme deux pyromanes on allait faire des feux partout où on allait. On écoutait des cassettes de punk français. Je haïssais ça, mais parce que tu tripais, moi aussi. On fréquentait des filles ordinaires, on allait chez elles écouter du Nirvana en fumant des cigarettes. On allait pêcher des crapets-soleils et on les faisait voler au bout de nos cannes à pêche comme des crécelles. On ramassait des canettes toute la journée sur le bord des routes, puis on allait les vendre; on faisait le tour des distributrices de Pepsi, puis avec un bâton, on recueillait les trente sous tombés dessous; puis avec nos économies de la journée, on se payait cinq minutes de karting.

Le soleil de fin d'après-midi me fait souvent penser au trajet qu'il me fallait faire à vélo pour rentrer chez moi. La journée avait été bonne. J'écoutais High and Dry de Radiohead sur repeat en pédalant comme un fou sur le bord de la route, le long des marécages; il fallait que j'arrive à temps pour souper. Il me restait encore quelques pétards à mèche dans les poches. Je les avais gardés pour impressionner ma petite soeur.

Un mois après tes funérailles, après toutes sortes d'acrobaties mentales pour traverser le désert et la jungle du deuil, c'était la fête d'un de nos amis. On était tous là pour fêter, mais on avait pas le coeur à la fête. Assis en rond, on parlait de toi. On pleurait pas mal. Le gars le moins sage de la gang avait fini par dire quelque chose du genre : « Sacrament les gars moi j'ai envie de dire quelque chose.  Moi je pense que notre ami a fait un choix. Ca n'a pas dû être facile pour lui non plus de faire ce choix-là, mais je pense que ça lui appartient. Moi j'ai envie de voir son geste comme un choix. Pensez-vous qu'on peut faire ça, respecter son choix? » On s'était tous enlacés en pleurant, dans un grand lâcher-prise collectif.

C'est étrange que le dernier souvenir que j'ai de toi me provienne d'un rêve. Un peu comme tous les souvenirs vaporeux de mon adolescence. T'aurais peut-être pas aimé ça, la vie d'adulte, mais j'aurais aimé ça que tu sois là. Ensemble, même dans le plus petit des aquariums, on aurait trouvé le moyen de se forger une liberté. En tout cas, le rendez-vous tient toujours. Je prendrai mon vélo, on ira prendre un verre. Dix-sept heures, au travers les quenouilles?

vendredi 21 juin 2013

à l'origine
qu'était-ce?
une pensée
un désir
un souffle
un orgasme

oui

mercredi 19 juin 2013

on s'est convaincus qu'il fallait tout ressusciter
« mourir sa vie, c'est investir »

et puisque les fantômes ont tout envahi
puisque le ciel a tout enregistré

on a fabriqué de grands écrans
pour immortaliser des lumières
                             que l'on pourra encore caresser
lorsqu'on sera morts



mardi 18 juin 2013

la liberté tolère tout
même d'interdire

si on avait su
on en aurait pas fait si grand cas
on se serait contenté de vivre
la course du soleil

la liberté est un astre immobile

jeudi 13 juin 2013

il faudrait des prêtresses lumineuses dans des habits translucides
            avec des vérités plein la langue
            qui vendent de l'authenticité dans des pubs décolletées
            des fragments de pureté emballés comme des chocolats
            manufacturés dans l'amour simple qu'on offre aux enfants
des armées de gourous inoculés des atomes du premier souffle
            qui fracassent d'affection le dogme des chiffres
            que l'on suit nus dans la poussière du jour
            vers une liberté muette, vraie comme le sang
            qui s'explosent le coeur comme meurent les étoiles

mardi 11 juin 2013

si le son
a un mur
le silence
lui
n'a qu'un horizon

                 « c'est un ordinateur qui décide tout »
et son écran, c'est tes yeux

soulever la peau de la terre
te montrer les électricités qui forment le visage du monde

les machines ont les coeurs qu'on leur prête

ils forgent de fabuleux blasphèmes
                                                                        comme des enfants soldats
et coupent le gâteau à la hache